Interview de Dephine SAUVAGE

, par Bernard

Peux-tu nous présenter ton syndicat, le SNUDI-FO ?

Permets-moi d’abord de rappeler la mémoire de notre camarade Emile MORILLA qui est décédé brutalement il y a quelques jours… : c’est lui qui a créé, avec quelques autres camarades, le syndicat des instituteurs FO en 1984 dans le Puy de Dôme… Il en a été le secrétaire jusqu’en 2010… Le SNUDI-FO est le Syndicat qui regroupe tous les personnels travaillant dans les écoles maternelles et primaires… Les enseignants bien sûr, les professeurs des écoles qu’on appelaient autrefois les « instits », mais aussi les personnels auxiliaires ou contractuels comme les AVS-EVS… En fait dans le Puy-de-Dôme, nous nous adressons à environ 3200 personnes ! (*)

Les 2 dernières années ont été marquées par le combat contre la réforme des « rythmes scolaires ». Peux-tu nous expliquer de quoi il s’agit ?

FO a été et reste à la pointe de ce combat… Non seulement FO Enseignement, mais aussi FO Territoriaux… Bref, c’est tout FO qui condamne cette réforme et qui en demande l’abandon… Sous couvert de mieux adapter la journée des enfants, le gouvernement a mis en place une véritable usine à gaz qui déstructure complètement l’enseignement : il n’y a plus aucune école travaillant avec le même emploi du temps… Les Projets Educatifs Territoriaux conduisent à un éclatement de l’école et de l’enseignement… Au bout du bout, l’Etat abandonne l’enseignement maternel et primaire aux collectivités locales. Les activités péri scolaires prennent le pas sur l’enseignement lui-même… D’une commune à l’autre, d’une école à l’autre, les projets, si on peut parler de projet, sont différents… et on rencontre tout et n’importe quoi… selon les possibilités de la commune… Ainsi des bénévoles prennent en charge des activités pour lesquelles ils n’ont aucune compétence reconnue… On voit même des associations religieuses qui proposent leurs « bons offices » : c’est tout le contraire de l’école publique et laïque ! La plupart du temps, l’activité se limite à de la garderie...qu’on commence à faire payer aux familles parce que les communes n’ont pas les moyens de la prendre en charge C’est un désordre sans nom à tous les niveaux et les enfants sont fatigués, perturbés, déboussolés...

Et pour les enseignants ?

En ce qui concerne les enseignants, cette réforme conduit à une dégradation de leurs conditions de travail et à une remise en cause de leurs droits statutaires. Pour tous les professeurs des écoles, cela se traduit par un jour de travail en plus : avec les décrets PEILLON-HAMON appliqués par la nouvelle ministre VALLAUD-BELKACEM, c’est travailler plus en étant payé moins ! Pour les enseignants affectés sur plusieurs écoles ; le ministère a mis en place l’annualisation du temps d’enseignement. Cela concerne également les titulaires remplaçants. Il faut ajouter à toute cette désorganisation le fait que les salles de classe sont utilisées à d’autres fins que l’enseignement : les enseignants arrivent le matin avec une salle dérangée, du matériel déplacé ou même disparu…

Donc une réforme à abandonner ?

Absolument… D’ailleurs j’ai envie de dire qu’il faudrait abroger toutes les contre réformes qui se sont accumulés depuis des années et qui détruisent l’école publique et l’enseignement… On a calculé que c’était l’équivalent d’une année entière d’enseignement qui manquait aux élèves d’aujourd’hui par rapport aux élèves d’il y a vingt ans ! En ce qui concerne la réforme des rythmes scolaires , le SNUDI-FO, avec la Fédération FO de l’Enseignement (la FNECFP FO) et la Fédération FO des personnels territoriaux (la FPSPSS-FO) organise une conférence nationale pour l’abrogation de la réforme PEILLON le 19 novembre… Bien évidemment, le SNUDI FO du Puy de Dôme y sera représenté…

Et en dehors de la réforme des rythmes scolaires ?

Notre syndicat se développe : nous tournons dans les écoles du département, y compris les petites écoles isolées… Nous discutons avec nos collègues… Nous organisons des heures d’information syndicale… Et je dois dire que nos visites sont appréciées… Bien évidemment, nous défendons les dossiers des collègues concernant leurs conditions de travail , leurs carrières… Nous sommes les défenseurs intraitables des garanties et des droits statutaires des personnels… Et hélas par ailleurs, le Puy de Dôme n’échappe pas à la politique d’austérité menée par le gouvernement : cela se traduit par des suppressions de postes, des fermetures de classes, voire des fermetures d’écoles… Enfin nous sommes engagés dans les élections professionnelles : le SNUDI-FO du Puy de Dôme présente une liste à ces élections et nous nous battons pour convaincre nos collègues de voter pour FO.

(*) Dans le Puy de Dôme, l’Education Nationale, c’est plus de 10 000 personnes auxquelles il faut ajouter les 2000 enseignants du supérieur.